Témoignages

Philippe

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Tu as été désiré et conçu dans l’Amour. Tu as été aimé, tu es aimé et tu le seras toujours.
En toi, par ta présence dans nos vies, la Vie nous a fait contempler un visage de sa beauté.
Enfant merveilleux, plein de lumière, de douceur, de bonté et d’amour.
Ton regard, quel regard! A la fois tendre et taquin.

Tu t’es toujours émerveillé de la nature. Esprit d’émerveillement! Tu étais l’ami et le frère de toute forme de vie. Tu portais le respect de la vie. Tu prêtais ta voix aux animaux pour leur faire exprimer pensées et émotions. Comme on riait! Un jour tu as nommé un bébé chat handicapé « Hope » mais il n’a pas survécu malgré tes efforts. Que de joies et que de deuils à vivre avec nos amis animaux (chats, chiens, hamsters, oiseaux), membres de la famille.

Philippe! Esprit vif, plein de questions sans réponses et dès cinq ans sur la mort.
Philippe! Esprit d’humour, à l’imagination débordante, nourri de bandes dessinées, de films et de héros costumés : Superman, Batman, Spiderman. Sans parler des premiers jeux vidéo avec Mario Bros et compagnie. A la fin du primaire, ton prof Danièle t’a confié le rôle de Willy Wonka dans une pièce de théâtre. Un beau défi que tu as relevé avec brio. Tu étais fier.

Tu as aimé, cajolé, soigné pendant dix ans ta Mimi, «ton bébé» (décédée d’un cancer en décembre 2006). Elle est l’amour de ta vie. Je te vois courir avec elle et les papillons dans les champs de fleurs célestes sous un soleil radieux.

Blessé tôt dans tes amitiés et par le dur environnement de l’école, tu as beaucoup souffert dans ton cœur et tu t’es souvent retiré dans tes terres intérieures. Tellement sensible. La séparation de tes parents et la perte de la maison familiale où tu as vécu 18 ans ont fait passer de gros nuages dans ton ciel. Mais nos liens à tous sont restés vivants et forts.

Des études au cégep en sciences de la nature et en psycho à l’université de Montréal ne parvenaient pas à rassasier ta curiosité. Alors on discutait sur pleins de sujets et tu partais à l’aventure sur ton «Play Station» : Final Fantasy, ton préféré, Wild Arms, War Craft et Star Craft. Et ces dernières années tu as ramassé plein de belles musiques sur internet. La chanson thème du film «Édouard aux mains d’argent» te faisait pleurer. Tu prenais soin de toi plus que nous : nourriture saine et vie équilibrée et tu t’entrainais chez Nautilus avec Simon et moi. Tu vivais beaucoup d’émotions à supporter fidèlement le Canadien… avec Louise ou Simon comme complice.

Vers mai 2006 la maladie s’est manifestée dans ton corps par des douleurs vives aux jambes, la brisure soudaine de la clavicule, puis d’une côte. Tu as passé l’été à marcher ainsi avec douleur – tu boitais de plus en plus – et nous avons cherché chez les médecins et spécialistes à comprendre ce qui se passait. Ils n’ont rien vu. Comme tu as marché courageusement mon fils. Longtemps (transport et travail chez Zeller’s). Ce n’est qu’en septembre, après avoir occupé l’urgence de l’Hôtel-Dieu de Montréal et avoir été hospitalisé que l’on constate la gravité de ta maladie. Le diagnostic tombera le 2 octobre : cancer des os actif depuis près d’un an. Commence alors cette longue marche, cette traversée du désert, ton combat pour la vie. Prises de sang sans fin, radios, scans, radiothérapie, chimio (13), hospitalisations (42 jours), 2 opérations aux jambes, fauteuil roulant, béquilles, examens, prises de sang. Et des soins humains, des infirmières-ers lors des hospitalisations. On y a découvert des trésors de dévouement. Merci! Ceux et celles qui t’ont soigné ont été très touchés par ta bonté, ton regard, ton être. Tu as beaucoup souffert dans ton corps mon Philippe. Cette dernière année sur terre fut pour toi un chemin de croix, ta passion. Grand mystère de la souffrance.

Ta mère qui t’adore a aménagé avec amour un «nid» pour toi dans le solarium de la maison. Plein de lumière, de plantes vertes, de grands arbres dans la cour. Et «le chat», ton ami fidèle qui dormait près de toi et osait même se prélasser dans ton lit attendant tes caresses. Comme elle t’a enveloppé de sa tendresse maternelle, toi son «p’tit Philou». Et la sauce aux œufs…!

En cette année, nous n’avons jamais été si près de toi, en profondeur. Tu as été enveloppé de notre amour de mère, Louise (et son ami Manu), de père (Gérard), de frère (Simon), de sœurs (Marie-Hélène pour son «p’tit frère» tant aimé, Myriam et Julie) et d’amis inattendus. Tes «amis de travail» chez Zeller’s t’ont manifesté leur amitié par une carte géante débordante de messages personnels et une bourse de 500$. Des jeunes solidaires avec toi! Tu y étais très apprécié de tous depuis quatre ans, et tu m’as dit que tu ne t’étais jamais senti autant estimé que par eux. L’Amour se trouve toutes sortes de chemin pour se dire à nous…

 

14 août 2007

Dernièrement tu m’as dit : «Papa ça ne me fait rien de mourir mais je veux marcher!»… Pourtant tu faisais tout pour vivre. Et tu as marché, seul, sans béquilles. Tu t’es tenu debout, comme avec le cancer. Tu m’as dit savoir depuis l’enfance que tu avais des forces à l’intérieur de toi. Mais je voyais bien que le cœur n’y était plus et c’est lui qui a flanché ce 11 août. Toutefois, ton combat intérieur contre le désespoir tu l’as gagné. Tu es mort vivant, debout.


Mon fils bien-aimé, ton arbre nous a donné ses fruits, colorés, savoureux, nourrissants.

Merci infiniment! Mon bel enfant d’amour! Merci!

Je m’incline avec un profond respect, avec émerveillement et humilité devant le mystère de ton être et de ta vie. Mystère de ton être à l’image de l’Etre qui habite tout, qui est Source de tout, qui EST. Ma foi et mon expérience de vie me disent qu’Il est Amour.
 

Quelle douleur innommable ton absence physique!

Quelle joie de contempler ta beauté et la richesse de ta vie!

Quel privilège de te connaître!

Quel joie de te savoir pleinement vivant dans le Vivant, heureux, comblé, rassasié.


Pour moi, après tant de vie reçue en abondance depuis ma naissance, comblé de grâces et de bénédictions, à travers mes «morts» et douleurs d’enfantement, notre vrai Bonheur, notre vraie Nourriture, notre vraie Vie, c’est Dieu, ce Dieu qui est Amour. En Lui nous trouvons notre accomplissement définitif. Le Ressuscité te porte en Lui. C’est ma foi inébranlable!


Philippe, mon fils tendrement aimé!

Laisse-toi prendre par l’Amour! Reçoit sa Miséricorde!

Laisse-toi envahir par la Vie, par la Lumière!

Sois enfin pleinement toi! Fils bien-aimé du Père!

Nous t’aimons pour l’éternité car ainsi est l’Amour.

Philippe! A bientôt!

Ton papa