Témoignages

Sylvain
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Tout a commencé à l’automne 2004, j’avais 22 ans et entamais alors ma troisième année au collège en génie mécanique tout en travaillant à temps partiel.

J’avais beaucoup de difficulté à concilier mes études, mon travail et ma vie de couple. Vers la fin de l’été, j’étais en travaux légers à l’usine à cause d’une tendinite à l’épaule droite, la douleur m’empêchait de dormir car le simple fait de m’appuyer sur mon épaule me réveillait à chaque fois. Après peut-être six semaines, j’ai repris mon poste de machiniste et malgré les anti-inflammatoires, la douleur est revenue en empirant. J’avais maintenant une masse visible à l’épaule. Vers la fin de la session au collège, j’ai consulté mon médecin de famille qui m’a fait passer des radiographies de l’épaule droite. Peu de temps après, une biopsie faite à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont nous apprenait le nouveau diagnostic, ce n’était pas une tendinite que j’avais, mais bien un ostéosarcome, une tumeur osseuse maligne qui en grossissant exerçait de la pression sur les muscles et tendons de mon omoplate entraînant de la douleur. Les sceptiques sur mon état de santé au travail furent alors confondus !

Je n’ai donc pas eu de bonnes nouvelles à annoncer à la famille à Noël, ils étaient tous impatients de connaître les résultats de la biopsie du 22 décembre en espérant avoir que des bonnes nouvelles. Ma conjointe et moi, avons dû annuler un voyage de deux semaines prévu pour janvier chez sa famille au Guatemala juste avant le début des classes au collège. J’ai dû repousser mes études, car ma bataille contre le cancer a débuté le 12 janvier avec des traitements de chimio, suivis d’une opération le 22 mars et d’autres traitements de chimio jusqu’au mois de juin. J’avais maintenant une belle prothèse en titane à la place de l’omoplate et, grâce à la physiothérapie, j’ai renforci les muscles rattachés à ma prothèse afin de pouvoir bouger mon bras droit.

L’année a passé. En janvier 2006 je suis retourné au collège pour compléter mes études. Ne pouvant plus vraiment faire d’effort physique à cause de ma prothèse, j’ai éliminé plusieurs emplois potentiels de ma liste et à la fin du collège, j’ai trouvé un travail comme dessinateur industriel. Pour ma conjointe et moi, c’était un nouveau départ, nous pouvions alors penser à nos projets futurs...

Bien que, tout semblait rentrer dans l’ordre, je savais qu’il y avait des chances de rechute avec des métastases pulmonaires, donc tous les trois mois une visite de routine avec quelquefois des tests à passer dans deux hôpitaux différents s’imposait . C’est au CHUS, en janvier 2007 que je l’ai su : multiples métastases aux deux poumons. Les images du scan thoracique ainsi que les autres tests montraient bien qu’elles étaient là. Ce fut un choc pour moi d’apprendre cette nouvelle, mais moins tragique que la première fois puisque je savais qu’il y avait de fortes chances que cela arrive. Nous étions donc encore à la case départ. En février, j’ai dû laisser mon travail pour commencer des traitements de chimiothérapie. Malheureusement, malgré ces nouveaux traitements, les métastases ont continué à grossir. Mon oncologue ne savait plus quoi me prescrire comme traitement. C’est à ce moment qu’il nous a annoncé à ma conjointe et moi qu’il ne me restait que quelques mois peut-être à vivre. Cette annonce fut très dure pour nous deux .

N’ayant plus d’autres avenues pour moi, mon oncologue a confié mon cas au Dr Denis Soulières qui traite des cancers rares au CHUM Notre-Dame de Montréal. Il m’a proposé plusieurs traitements dont un qui semblait plus intéressant que les autres. Alors n’ayant rien à perdre, j’ai commencé peu de temps après ce traitement qui jusqu’à aujourd’hui semble bien fonctionner en freinant la croissance des tumeurs.

Voici donc en gros ce que j’ai vécu depuis 2004. À travers ma maladie, j’ai appris davantage à accepter les épreuves que la vie nous apporte. J’ai réalisé que l’amour et l’amitié de nos proches sont plus importants que tout le reste, que la vie peut être courte et qu’il faut donc profiter du moment présent, j’ai appris à pleurer, mais pas assez selon ma conjointe et je m’efforce de toujours voir le bon côté des choses. J’ai eu jusqu’à présent l’aide de ma famille et de mes amis pour passer à travers cette épreuve, j’ai aussi la chance d’avoir des médecins compétents qui s’occupent de moi, mais par dessus tout, c’est ma conjointe Adriana à qui je dois beaucoup, c’est elle qui a pris soin de moi dès le début de ma maladie et encore aujourd’hui. Pour la suite des choses, je n’ai pas d’inquiétude. J’ai la tête remplie de projets qui sont presque tous sur la glace, mais disons que je les peaufine tout de même pour passer le temps !